Huille sur bois, 58 x 33 cm, Musée du Louvre, Paris
Fragment du volet gauche d'un triptyque au centre perdu. Volet droit à Washington (La Mort de l'avare). Faces extérieures, en grisaille, à Rotterdam (Le Colporteur). Le tableau du Louvre, coupé en bas, se raccorde exactement à un autre fragment conservé à Yale (Allégorie de la gloutonnerie). Se répondent ainsi avarice et excès, deux aspects de la même folie pêcheresse qui éloigne de Dieu, l'excès étant incarné par une assemblée de gloutons et d'ivrognes voguant à leur perte comme des insensés.
Une promenade insolite
"Un groupe de dix personnages sont réunis dans une barque. Le groupe principal se compose d’un franciscain et d’une religieuse jouant du luth, assis face à face. Ils ont la bouche grande ouverte comme pour chanter mais semblent aussi essayer de mordre, comme leurs compagnons, une crêpe pendue au centre de la petite embarcation, allusion à une coutume folklorique qui consiste à manger une galette suspendue sans les mains. Derrière eux sont assis les deux nautoniers. L’un d’entre eux a, en guise de rame, une louche géante. L’autre tient en équilibre sur la tête un verre et brandit au bout de sa rame une cruche cassée. Aux extrémités, une femme, d’un côté, s’apprête à frapper avec une cruche un jeune homme retenant une gourde qui trempe dans l’eau. De l’autre, sur un gouvernail de fortune, un petit homme en habit de fou boit dans une coupe. A côté de ce dernier, un autre se penche pour vomir. L’assemblée est dominée par le mât surmonté d’un bouquet de fleurs au centre duquel est représentée une chouette ou une tête de mort. Au-dessus flotte une oriflamme avec le croissant de lune musulman. Une oie rôtie est suspendue au mât. La joyeuse compagnie semble à la dérive, un vaste paysage, au fond, s’étend à l’infini".
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